Ménandre

Ménandre est un auteur comique grec, le plus grand représentant de la «Comédie nouvelle».

Catégories :

Littérature grecque classique - Dramaturge de la Grèce antique

Ménandre
Buste de Ménandre, copie romaine en marbre d'un original grec (v43-291 av. J .)
Buste de Ménandre, copie romaine en marbre d'un original grec (v.  343-291 av. J. -C. )
Activité (s) Dramaturge
Naissance vers 343
Décès vers 292 av. J. -C.
Langue d'écriture Grec Ancien
Mouvement (s) «Comédie nouvelle»
Genre (s) Comédie

Ménandre (fin du IVe siècle av. J. -C. ) est un auteur comique grec, le plus grand représentant de la «Comédie nouvelle».


Biographie

Ménandre est né dans une famille aisée, aux alentours de 343, et meurt vers 292 av. J. -C. Il semble qu'il ait suivi l'enseignement du philosophe et savant Théophraste[1], successeur d'Aristote au Lycée et auteur des Caractères. Il fut aussi l'ami d'Épicure[2] qu'il fréquenta dès l'enfance. Au contact de ce personnage éminent, Ménandre acquit certainement un sens psychologique aigu qui lui permit de peindre les personnages de ses pièces avec une aisance et une justesse qui ont fait sa gloire jusqu'à la fin de l'Antiquité.

Comme Aristophane, il commença sa carrière théâtrale particulièrement jeune. Sa première pièce, la Colère, serait datée de 321 av. J. -C. Il aurait rédigé à peu près cent-huit comédies (cfr. la Souda) dont huit auraient remporté les Grandes Dionysies (la première fois avec le Dyscolos en 316 av. J. -C. ). Les ressorts de ses comédies sont l'argent et la galanterie. Basées sur des intrigues compliquées, elles tournent fréquemment à la farce. Elles valent en particulier par la qualité de l'observation et la souplesse expressive de la langue.

Homme aimable, cultivé, aimant se frotter le corps d'essences rares, soignant son maintien et souscrivant certainement aux théories de son ami Épicure, il entretint des relations quelquefois orageuses avec de nombreuses maîtresses, parmi lesquelles Thaïs, Nannion et en particulier Glycéra qui fut peut-être courtisane et dont le nom fut donné à plusieurs des héroïnes de ses pièces. D'un point de vue politique, il eut maille à partir avec Démétrios Ier Poliorcète lorsque ce dernier prit le pouvoir à Athènes, après avoir renversé Démétrios de Phalère[3] que Ménandre avait eu l'imprudence de soutenir.

Mais il ne fut pas trop inquiété et put demeurer à Athènes, quoique Ptolémée d'Égypte se proposât de le secourir en lui accordant l'hospitalité de sa cour.

De son vivant, il semble que l'art de Ménandre ne fut pas apprécié à sa juste mesure. Les Athéniens lui préférèrent plutôt Philémon et ne couronnèrent que huit de ses pièces durant les concours théâtraux. Philosophe conscient de sa propre valeur, on rapporte qu'il réagit au succès de son rival par cette question qu'il lui posa : «En toute bonne conscience, lorsque tu m'as vaincu, n'as-tu pas rougi ?»

Postérité

Dans l'Antiquité, Ménandre est un véritable modèle culturel. Des documents archéologiques montrent un bon nombre d'affiches de ses comédies. Il est étudié dans les écoles, particulièrement pour sa rhétorique.

Il devient un modèle de la comédie latine en influençant Plaute et Térence qui, en grande partie, imitent et adaptent les intrigues de Ménandre. Lors de son voyage en Grèce, Térence traduit cent-huit de ses comédies, semble-t-il.

Aristophane de Byzance, qui dirige la Bibliothèque d'Alexandrie, classe Ménandre suite à Homère — tandis qu'à l'époque, le classement des bibliothèques se faisait par ordre hiérarchique. En pleine admiration pour le poète grec, Aristophane de Byzance pose aussi cette fameuse question : «Ô Ménandre, de la vie ou de toi, lequel imite l'autre ?»

Plutarque, dans son chapitre Comparaison d'Aristophane et de Ménandre (traité 56) des Œuvres morales (livre X), rapporte que «Ménandre, en plus de son charme, donne toujours entière satisfaction, que ce soit au théâtre, dans les entretiens ou dans les banquets : pour la lecture, l'éducation, les concours dramatiques, sa poésie forme le sujet le mieux accepté parmi tout ce que la Grèce a apporté de beau [... ] Quelle est en effet la raison qui justifie vraiment qu'un homme cultivé aille au théâtre, sinon le désir d'entendre Ménandre ?» (traduction de G. Lachenaud)

De plus, Ménandre exerce une influence sur le théâtre classique, quoique ses textes soient déjà inaccessibles. Boileau le mentionne dans son Art poétique :


Art poétique, Chant III, vers 349 à 358

Le théâtre perdit son antique fureur ;
la comédie apprit à rire sans aigreur,
Sans fiel et sans venin sut instruire et reprendre,
et plus innocemment dans les vers de Ménandre.
Chacun, peint avec art dans ce nouveau miroir,
S'y vit avec plaisir, ou crut ne s'y point voir :
L'avare, des premiers, rit du tableau fidèle
D'un avare fréquemment tracé sur son modèle ;
Et, mille fois, un fat finement exprimé
Méconnut le portrait sur lui-même constitué.

Jean Racine évoque dans la Préface de sa pièce Bérénice la simplicité créatrice de Ménandre, avec lequel il se sent une affinité. Gœthe et Goldoni s'inspirent aussi de son théâtre. En grande partie, le théâtre improvisé italien ressemble aux mises en scène de la Nouvelle Comédie dont Ménandre est principal représentant.

Redécouverte de Ménandre au XXe siècle

À la fin du XIXe siècle, Ménandre n'était connu que par de nombreuses citations plus ou moins brèves et disparates, par quelques anecdotes d'authenticité douteuse et par les adaptations latines fort libres du poète comique Térence. Le XXe siècle fut le siècle de Ménandre qui est devenu un des fleurons de la papyrologie littéraire. En effet, les papyri d'Oxyrhynque nous ont rendu six comédies complètes ou beaucoup conservées : le Dyscolos (Δύσϰολος) ou L'Atrabilaire, dont la publication en 1958 a relancé les études ménandréennes, L'Arbitrage (Ἐπιτϱέποντες), La Samienne (Ἡ Σαμία), La Femme à la boucle coupée (Ἡ πεϱιϰειϱομένη), le Bouclier (Ἡ ἀσπίς) et les Sicyoniens (Οἱ Σιϰυώνιοι). Des fragments papyrologiques moindres appartiennent à d'autres comédies perdues (Le Fantôme, La Femme possédée par la divinité, etc. ). C'est ce qui a valu au poète une bibliographie particulièrement abondante tout au long de la seconde moitié du XXe siècle.

Citations

On lui doit surtout :

Œuvres connues

Œuvres connues, quoiqu'il n'existe que de courts fragments pour la majorité, et que pour d'autres, nous ne pouvons qu'imaginer une reconstitution à partir des adaptations romaines :
(titres latins en ordre alphabétique)

Bibliographie

Éditions
Études

Notes et références

  1. ↑ Selon Diogène Laërce, V, 36, ayant lui-même comme source le livre XXXII des Commentaires de Pamphilé.
  2. ↑ Selon Strabon, XIV, 638.
  3. ↑ En réalité, selon Diogène Laërce (V, 79), Ménandre et Démétrius de Phalère auraient été bon amis, ce qui aurait favorisé le théâtre du poète.

Voir aussi

Comédie grecque antique
Le Dyscolos
Plaute
Térence

Lien externe

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